Kulamba - le fête des Chewas

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Les Chewas sont arrivés du Congo au 16ème siècle. Ils se sont d’abord installés en Zambie, puis en Malawi et au Mozambique. Ils sont régis encore aujourd’hui par un roi qui règne sur tout le royaume s’étendant sur les trois pays. Chaque année, on rend hommage au roi lors d’une énorme fête où se réunissent le roi, la reine et tous les chefs, sorte de dirigeants régionaux chewas. En ce jour, c’est le devoir de chaque chef d’offrir un cadeau au roi. Cet événement est une énorme fête populaire où se rassemblent des milliers de personnes habitant la région mais aussi venus de plus loin en Zambie, du Malawi et du Mozambique.
Tôt le matin, nous partons à pied pour la fête à 10 km de là. Arrivés en ville, nous sautons dans le premier pick-up taxi que nous trouvons et faisons les derniers kilomètres sur le plate-forme du pick-up, entourés de 20 africains se réjouissant à l’avance du grand événement.
La cérémonie ne commence que dans quelques heures mais chacun essaie déjà de trouver la meilleure place dans cette arène de plein air, de préférence à l’ombre d’un grand arbre et avec vue sur le trône du roi. Nous profitons de l’accalmie causée par l’arrivée spectaculaire en hélicoptère du vice-président du Malawi pour trouver une belle place. En effet, à ce moment-là, un millier de personnes se met à courir afin de voir l’atterrissage de cette énorme hélicoptère militaire, sûrement plus intéressant que le vice-président lui-même !
Nous sommes priés de nous asseoir dans les premiers rangs, où se trouvent déjà les quelques blancs assistant à la cérémonie. « your friends are already there » nous disent les organisateurs locaux en les désignant !
Vers 11 heures, alors que nous brûlons depuis deux heures sous le soleil africain, le show commence enfin ! Le roi arrive, accompagné d’un teneur d’ombrelle, de dix « gardes du corps » et de nombreuses danseuses africaines. Il fait d’abord un tour de l’arène puis vient s’asseoir sur son trône. Le trône consiste en un confortable fauteuil-canapé entouré de défense d’éléphants, de fourrure de lions et de léopards.
Comme dans toute cérémonie, commencent alors les discours. L’importance des invités présents au Kulamba démontre la place importante du roi Chewa dans les sociétés zambienne, malawienne et mozambique. En effet, à la tribune, les représentants officiels des trois gouvernements se suivent pour rendre hommage au roi : tout d’abord un porte-parole du gouvernement zambien puis le vice-président du Malawi et pour finir une délégation du Mozambique. Chaque gouvernement sait combien la structure tribale africaine est importante et il est indispensable de la ménager pour pouvoir diriger le pays. Une fois les discours terminés, vient l’heure des cadeaux. Les divers chefs et délégations défilent devant le trône, portant de gros paquets colorés, de vrais cadeaux comme l’on trouve chez nous à Noël en bas du sapin. C’est aussi excitant qu’à Noël, mais ici, personne n’ouvre les cadeaux alors nous ne savons pas ce qu’ils contiennent. Sauf la chèvre vivante offerte sans avoir été emballe dans du papier cadeau !
Les discours ont malheureusement duré plus longtemps que prévu et la durée du spectacle, que le foule attend avec impatience, s’en trouve raccourcit.
Pendant la semaine précédente, les meilleurs danseurs chewas de la région ont été sélectionnés et ont le droit de montrer aujourd'hui de quoi ils sont capables. Les 20 meilleurs groupes se succèdent devant le trône, entourés d’une foule en délire. Les danses sont très variées et ont pour but d’enseigner la culture et les traditions chewas aux nouvelles générations. Courage, héroïsme, coutumes sont des sujets récurrents.
Certaines danses sont interprétés par de groupes de femmes : en chantant et en sifflant, elles racontent des histoires traditionnelles. Des adolescentes aux corps presque nus, peints et couverts de perles colorées dansent jusqu’à arriver à un état de transe. Les spectateurs accourent vers les interprètes qui leur plaisent le plus et leur glissent un billet dans la main.
Les danseurs les plus attendus sont les danseurs de "Nyau". Ils font partis intégrante de la culture Chewa. Mystérieusement cachés derrière des masques inquiétants et des costumes de lambeaux et de plumes, ces danseurs ne révèlent jamais leurs identités, ni leurs lieux d’entraînement. Le secret qui les entourent a donné naissance à de nombreuses légendes. Sorte de « grand méchant loup » chewa, ils servent souvent de menaces pour les petits enfants pas sages ! Les danseurs Nyau exécutent devant nous des danses étranges au son des nombreux tambours. Leur apparence sauvage impressionnent la foule en délire.

Pendant quatre heures défilent devant nos yeux et ceux des milliers de spectateurs agités les danseurs, les joueurs de tambour, les énormes costumes en forme de buffles ou d’animaux étranges. Même deux artistes sur échasses viennent honorer le roi.
Pour marquer la fin du spectacle, le roi proclame la cérémonie terminée puis se retire dans son palais, accompagné de sa cour portant les cadeaux colorés.
Les quelques danseurs qui n’ont pas encore eu le temps de démontrer leur art pendant la cérémonie officielle arrivent maintenant en scène. La foule se réunit autour d’eux et souhaite que ce spectacle ne se finisse jamais.
Nous nous promenons encore un peu à travers l’énorme marché installé pour l’occasion. Puis nous essayons au milieu de la foule de trouver une voiture qui nous ramène en ville. Nous repérons enfin un camion très chargé dans lequel deux personnes trouvent encore un peu de place. Au moment du départ, nous sommes environ 60 entassés sur la plate-forme de ce camion. On démarre et les amères discussions sur le prix du trajet commencent : Seul un quart des passagers est d’accord pour payer les 0,20 euros pour le transport, les autres refusent mais restent quand même à bord. C’est l’Afrique ! Nous sortons les 2000 Kwachas de notre poche et le responsable nous dit: "I like the whites, whites are not difficult!".